Le prophete mohammad et sa famille vénéréé


Où va l’argent des hydrocarbures

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Où va l?argent des hydrocarbures
Des ressources pétrolières qui débordent, un pays de plus en plus riche, une population de plus en plus pauvre, peu de grands travaux. Comment expliquer ces paradoxes ?

Par Jean-Pierre Séréni

Huit milliards de dollars en 1998, 13 milliards l?année suivante, 32 milliards en 2004, près de 45 milliards l?an dernier, autant et sans doute plus cette année : l?Algérie n?en finit pas, comme ses grands partenaires de l?Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), d?engranger des montagnes de dollars. Le quatrième choc pétrolier, survenu peu après la fin de la guerre éclair américaine en Irak, à l?été 2003, dépasse par son ampleur et sa durée les trois précédents. Et efface du même coup les difficultés financières rencontrées par M. Abdelaziz Bouteflika à son arrivée à la présidence de la République algérienne démocratique et populaire au printemps 1999. « Les caisses sont vides, l?étranger n?a pas confiance en nous, la dette extérieure nous écrase, et les entreprises publiques gaspillent nos maigres ressources », s?alarmait alors l?un de ses proches. De passage à Alger en novembre 1999, M. Kemal Dervis, alors le « M. Monde arabe » de la Banque mondiale, conseille austérité et modestie : « Réduisez les grands projets en cours de 20 à 9, privilégiez l?agriculture, l?hydraulique et le filet social... »

On redoutait le trop peu et c?est le trop-plein ! Le problème n?est plus de trouver de l?argent pour relancer une économie en panne et pacifier une société déchirée par une sanglante guerre civile, mais d?utiliser au mieux ce pactole inattendu, en un mot de ne pas le gaspiller comme ce fut trop souvent le cas lors des précédents chocs pétroliers.

Lors du premier de ceux-ci, en 1973-1974, Alger ambitionne de devenir le Japon de l?Afrique et consacre son surplus à l?achat d?usines clés en main. Ses émissaires parcourent le monde industrialisé pour acquérir ce qui se fait de mieux ? et souvent de plus cher. Acier, aluminium, engrais, papier, chimie, camions ont la priorité, les unités sont souvent implantées dans des régions déshéritées aux salariés peu qualifiés, guère familiers des technologies ultramodernes. Résultat, les retards s?accumulent, et le cycle pétrolier se retourne avant que l?industrie lourde soit en état de marche. L?héritage se révèle encombrant. Des sociétés nationales qui perdent de l?argent, des usines qui tournent au ralenti, et une dette extérieure qui explose parce qu?il a bien fallu emprunter pour financer les fins du programme d?industrialisation...

Au cours du deuxième choc, en 1979-1982, les dirigeants ont changé : le pâle Chadli Bendjedid, remplaçant du fier Houari Boumediène, court après une légitimité qui le fuit. L?argent du pétrole ira à un programme antipénuries (PAP) qui se traduit par un flot d?importations de produits de consommation. L?Algérien qui en a les moyens est à la fête : réfrigérateurs, télévisions, automobiles font leur apparition dans les vitrines des magasins d?Etat.

Le troisième choc, en 1991-1992, passe largement inaperçu de la majorité des habitants. Les 3 à 4 milliards de dollars supplémentaires récoltés servent à régler une partie des arriérés de paiement accumulés depuis le retournement du cycle pétrolier en 1984-1985. L?obsession d?Alger, au plan financier, est d?éviter de devoir rééchelonner sa dette extérieure, ce qui placerait son économie sous la houlette du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. On préfère le « reprofilage », un arrangement discret avec le Crédit lyonnais qui implique de régler les impayés dus aux entreprises françaises. Il n?évitera rien du tout et, en avril 1994, en pleine vague terroriste, alors qu?il ne reste plus en caisse de quoi payer la cargaison de semoule d?un cargo qui tourne en rade d?Alger, un premier ministre de transition accepte le rééchelonnement de la dette extérieure et les conditions qui vont avec...

Onze ans après, l?Algérie affiche une insolente santé financière : les réserves officielles de devises dépassent 55 milliards de dollars et représentent plus de vingt-quatre mois d?importations ; le compte courant du Trésor public à la Banque centrale accumule l?équivalent d?une année de recettes fiscales non pétrolières ; la dette extérieure (16,4 milliards de dollars à la fin 2005, contre 24 milliards en 1990) n?est plus un souci.

Symbole de cette richesse inattendue, la compagnie nationale Sonatrach, détenue à 100 % par l?Etat, se place au douzième rang dans l?industrie pétrolière mondiale, truste les places de champion pour le gaz (second fournisseur de gaz naturel de l?Europe, derrière la Russie ; second fournisseur en gaz liquéfié GNL aux Etats-Unis...) et dispose d?une large palette de produits exportables en dehors du brut (condensat, GPL, produits raffinés, pétrochimie). Au fil des ans, elle a fait de plus en plus appel aux sociétés étrangères pour la seconder.

En 1986, quinze ans après les nationalisations et le départ des techniciens français, Alger entrouvre pour la première fois les portes du Sahara aux prospecteurs étrangers. Les premiers, et les plus nombreux, à se présenter sont de petites compagnies américaines dont la plus chanceuse, Anadarko, fait plusieurs découvertes majeures dans l?est du pays. Un nouveau pas est franchi en 1991, malgré de fortes oppositions. En 2000, quand le nouveau ministre de l?énergie propose une loi pétrolière qui « normalise » la Sonatrach et lui enlève ses pouvoirs quasi régaliens (la société percevait les impôts payés par les compagnies étrangères et délivrait à son gré les permis de recherche), l?exposant ainsi à la concurrence, c?est la bronca ! Son PDG démissionne, le syndicat manifeste, et le pouvoir recule. Ce n?est qu?en 2005 que la loi est adoptée.

Le grand écart entre la pluie de pétrodollars et un quotidien plus que difficile fait enrager une partie de la population : barrages routiers, occupations ou incendies d?édifices publics, séquestrations d?élus et de fonctionnaires, manifestations violentes tournant souvent à l?émeute se sont banalisés. Pas d?eau, pas de courant, pas de logement, pas de travail, pas d?égouts, pas de routes, les griefs sont les mêmes d?un bout à l?autre du pays. Les millions de ruraux chassés de chez eux par l?insécurité dans les années 1990 et qui s?entassent dans les bidonvilles ne comprennent pas. Pourquoi l?Algérie est-elle riche et les Algériens pauvres ? Pourquoi, alors que le revenu par tête aurait augmenté de 31,3 % en deux ans, selon l?Office national des statistiques, le pouvoir ne fait-il rien d?efficace pour ces millions de jeunes en quête d?un toit et d?un emploi, sinon leur envoyer la police, dont les effectifs connaissent, eux, une spectaculaire progression (au moins 120 000 aujourd?hui, et 45 000 à recruter d?ici à 2009, contre une trentaine de milliers dans les année 1980).

Absence de cadres qualifiés et compétents

Pourquoi le pouvoir en est-il réduit à répondre par la répression à des besoins qu?il a, par ailleurs, les moyens de satisfaire ? Jusqu?ici, l?expansion budgétaire a été outrageusement privilégiée. Au printemps 2005, le gouvernement lance un programme complémentaire de soutien à la croissance économique (2005-2009) de 55 milliards de dollars, censé compléter un précédent plan de soutien à la relance économique adopté en 2001. La loi de finances 2006, votée en décembre 2005, témoigne de l?ampleur des moyens ; le budget d?équipement de l?Etat augmente de 28 % par rapport à celui de 2005 et fait plus que doubler par rapport à ce qui a été fait en 2004. Pour la première fois dans l?histoire financière de l?Algérie, il dépasse le budget de fonctionnement...

Et ce n?est pas fini. Le premier conseil des ministres tenu en janvier 2006 par le président Bouteflika, à peine rentré de convalescence à Paris, arrête un programme spécial de 5 milliards de dollars en faveur du Sud, qui sera suivi par d?autres en faveur des hauts plateaux, une zone traditionnellement déshéritée, et de la Kabylie, ruinée par plusieurs années de troubles.

Mais il y a loin des décisions budgétaires au démarrage des travaux, et plus encore à leur achèvement. Partout, le manque d?expertise ralentit l?investissement ; la difficulté n?est plus l?argent, mais la capacité à le dépenser. De nombreuses wilayas (départements) et d?encore plus nombreuses assemblées populaires communales (communes) ne consomment pas leurs crédits d?équipements, faute de cadres qualifiés et compétents. C?est pis dans certains ministères techniques (transport, équipement, hydraulique...), désorganisés par l?instabilité ministérielle et encombrés d?anciens programmes inachevés parfois plus de dix ans après leur lancement ? voire vingt ans, comme le métro d?Alger ou la nouvelle aérogare de Dar-el-Beida. Trop souvent incapables de se hisser au niveau requis par des projets d?envergure, les entreprises du BTP incriminent la bureaucratie, les délais de paiement, la mauvaise volonté des fonctionnaires...

Face à une demande qui explose, l?offre reste encore très timide. Des voix isolées, à l?intérieur comme à l?extérieur, plaident pour une exécution plus mesurée du budget 2006, et proposent de consacrer une partie des crédits ainsi libérés au renforcement des autres intervenants de la vie économique et à la création d?activités nouvelles en dehors du secteur des hydrocarbures. Ce ne serait pas inutile tant les bureaucrates éclipsent les autres agents sociaux. Mais ces voix seront-elles entendues ?

Jean-Pierre Séréni.

http://www.monde-diplomatique.fr

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L'argent du pétrole

Sept producteurs d'hydrocarbures figurent parmi les 12 plus importantes capitalisations au monde, dont le leader chinois PetroChina et son rival américain ExxonMobil

Le classement établi fin 2006 des 10 plus gros producteurs de pétrole donnait, dans l?ordre d?importance : Exxon Mobil (États-Unis), PetroChina (Chine), Royal Dutch Shell (Royaume-Uni/Pays-Bas), BP (Royaume-Uni), Total (France), Chevron (États-Unis), Eni (Italie), Conoco Phillips (États-Unis), Petrobras (Brésil), Statoil-Norsk Hydro (Norvège).

En 2007, les actions des « majors » du pétrole cotées à New York, comme Exxon, BP, Shell ou Total, ont grimpé en moyenne de 36 %, alors que, dans le même temps, l?indice des 500 plus grandes valeurs américaines affichait une hausse de 2 %. En 2007, toujours à Wall Street, les cours des groupes parapétroliers ont bondi en moyenne de 64 %.

En Grande-Bretagne, les compagnies Shell et British Petroleum (BP) ont annoncé, fin avril, plus de 10 milliards d?euros de bénéfices pour le premier trimestre 2008. La major britannique British Petroleum, au quatrième rang mondial, a réalisé un chiffre d?affaires de 284 milliards de dollars (179 milliards d?euros) en 2007.

Aux États-Unis, le numéro un mondial du pétrole, Exxon Mobil, a enregistré un bénéfice de 40,6 milliards de dollars (25,7 milliards d?euros) pour l?année 2007. Sur son chiffre d?affaires, supérieur à 400 milliards de dollars (253 milliards d?euros), 9 % proviennent des activités d?exploration et la production et 82 % de la distribution, sous les marques Esso, Mobil et Exxon. Exxon réalise 31 % de son chiffre d?affaires aux États-Unis.

Corruption : l?Ong Transparency International a relevé que certaines compagnies avaient des pratiques encore largement insuffisantes dans la transparence des fonds qu?elles versent aux États producteurs, dénonçant en particulier Exxon Mobil, Chevron Texaco, BP, le chinois CNOOC et le russe Lukoil.
source
WWW.la-Croix.com

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L?or bleu victime de l?or noir

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Au Kazakhstan, le triste destin de la mer d?Aral vient s?ajouter à une contamination de l?environnement telle que les habitants n?ont plus accès à l?eau potable, alors que le pays ne cesse de s?enrichir grâce au pétrole.

A Aktau, sur la rive kazakh de la mer Caspienne, l?eau du réseau de distribution contient tellement de produits chimiques que les machines à laver étrangères ne durent pas un an. On comprend que les habitants d?Aktau qui peuvent se le permettre achètent de l?eau minérale, plutôt que de prendre le risque d?utiliser l?eau jaune et nauséabonde qui sort du robinet.

Ce cas est loin d?être isolé. Le Kazakhstan a la plus mauvaise eau potable de toute la Confédération des États indépendants. Dans les zones rurales, les cas d?hépatites et d?autres maladies transmises par l?eau sont nombreux. A travers tout le pays, près de la moitié des pompes et des fontaines publiques sont fermées parce qu?elles sont usées ou non conformes.

Svetlana Voitova, qui vit à Narynkol à deux pas de la frontière chinoise, explique : « Comme nous n?avons pas d?eau à la maison, nous utilisons les pompes du village. Mais la plupart du temps, elles ne marchent pas parce que les gens n?ont pas assez d?argent pour en payer l?entretien. Alors, nous prenons l?eau de la rivière ». Même à Astana, la capitale flambant neuve, les robinets délivrent une eau marronnasse.

Le problème ne s?arrête pas là. Le Kazakhstan est le théâtre d?une des pires catastrophes liées à l?eau de la planète. Autrefois, la mer d?Aral était la quatrième plus grande mer intérieure du monde. Depuis les années 1950, à la suite de la planification désastreuse de l?ère soviétique, sa surface a diminué des deux tiers et le rivage a reculé de 100 kilomètres, laissant des carcasses rouillées de bateaux échouées en pleine campagne. Le sel des fonds, désormais à l?air libre, s?envole et agresse les yeux et la gorge des habitants, tandis que les récoltes s?amenuisent. L?industrie locale de la pêche, qui produisait jusqu?à 30 000 tonnes de poissons par an, a périclité.

Une grave dégradation de l?environnement, une pollution persistante, de l?eau non potable et des maladies infectieuses sont généralement des signes de pauvreté. Mais le Kazakhstan est riche. Grâce au pétrole, le gouvernement tire des milliards de dollars de ses sociétés mixtes, sans compter les énormes commissions occultes versées par les multinationales pour les droits d?extraction. Le pays vit sur son compte d?épargne pétrolière, le Fonds national du pétrole, dont on prévoit qu?il atteindra les 100 milliards de dollars en 2020.

SERVICES PUBLICS À RECONSTRUIRE : Ironie du sort, ce sont les zones les plus riches en pétrole qui connaissent les pires problèmes d?eau. À Atyrau, la capitale du pétrole de l?ouest du Kazakhstan, le complexe immobilier haut de gamme qui accueille les cadres de l?industrie pétrolière internationale a son propre système de filtrage tandis que les habitants, eux, ne boivent pas l?eau du robinet, même bouillie. L?argent du pétrole exacerbe les inégalités plus qu?il ne les réduit. Pour l?instant, aucun projet ne prévoit d?utiliser une partie de l?argent du Fonds national du pétrole pour s?attaquer à des problèmes sociaux ou environnementaux.

De plus, le passage de la planification centralisée à l?indépendance a pris la forme d?un cataclysme. Après 1991, l?économie du pays s?est effondrée, entraînant dans sa chute les services sociaux, y compris la distribution gratuite d?eau potable. En 1994, l?inflation atteignait 1975% et les magasins d?alimentation étaient vides. Dans un tel chaos, l?État se trouvait incapable de régler les grands problèmes environnementaux.

Bien que l?économie soit toujours en transition, avec toutes les difficultés que cela suppose, il y a aujourd?hui un espoir d?amélioration : le gouvernement a commencé à mettre en oeuvre son plan Kazakhstan 2030, qui stabilise l?économie et prévoit d?améliorer les services publics.

La situation de la mer d?Aral est due à la perception que le régime soviétique avait de l?environnement : la nature servait de terrain d?expérimentation, de décharge, de ressource à exploiter, ou ne servait à rien. Aujourd?hui, des pans entiers de territoire qui ont été utilisés pour faire exploser des armes nucléaires sont contaminés. C?est la même idéologie qui a inspiré le pompage des fleuves alimentant la mer d?Aral afin d?irriguer les champs de coton - il fallait atteindre les quotas coûte que coûte dans cette zone désignée centre de production du coton de l?URSS.

Aujourd?hui, malgré le travail des organisations internationales et des ONG pour sauver la mer d?Aral, le scénario le plus optimiste n?envisage que de stopper son recul. Il semble quasi impossible d?inverser le processus.

D?autres États de l?ex-Union soviétique rencontrent les mêmes problèmes d?eau que le Kazakhstan, à commencer par ses voisins - Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan et Kirghizistan - qui sont reliés à la mer d?Aral par les fleuves Amou-Daria et Syr-Daria.

Des études récentes ont montré qu?en Russie, les épidémies de maladies graves liées à l?eau (choléra, hépatite, gastrite) sont fréquentes et qu?un échantillon sur trois d?eau potable dépasse les normes de pollution. En Ouzbékistan, l?eau contient une forte concentration de plomb.

En Sibérie, c?est l?exploitation pétrolière elle-même qui pollue l?eau. Bien que la production soit en baisse, la région reste la principale source de pétrole de Russie. De mauvaises pratiques et une mauvaise gestion des infrastructures dans des conditions climatiques extrêmes ont provoqué de graves contaminations des eaux de surface et des nappes phréatiques. Les fuites sont fréquentes et l?on peut voir le pétrole iriser les rivières et les lacs. Toutefois, la baisse de la production ne permet pas d?envisager un durcissement des normes environnementales.

Même si, comme au Kazakhstan, on peut envisager le rétablissement à long terme de l?accès à une eau potable, les dégâts environnementaux les plus graves causés aux sources d?eau pourraient être irréparables.

Elizabeth Stuart, le nouveau Courrier

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le lien d un rapport du parlement français au sujet du pétrole dans le monde et ses enjeux politiques

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